Entreprendre lorsqu’on souffre d’agoraphobie
Comme disait une formatrice que j’aime bien, le problème réside dans le fait que les personnes atteintes de troubles psychiques ne sont pas complètement « outillées » pour la relation au monde extérieur, et ce dernier le leur rend bien. Travailler peut devenir vraiment difficile pour la majorité d’entre nous. Il est alors vrai que créer son propre emploi peut devenir très tentant, notamment pour se libérer de la pression du monde.
Entreprendre lorsqu’on souffre d’agoraphobie est d’ailleurs totalement réaliste, et voici quelques conseils pour atteindre cet objectif.
L’agoraphobie est reconnue comme handicap psychique
Je suis formateur consultant indépendant depuis 2010 et je souffre d’agoraphobie depuis 30 années. En 2017, après la « chute » de ma première entreprise, la maladie est revenue en force dans ma vie. J’avais 46 ans et j’ai eu très peur de ne plus réussir à travailler. Pour faire face, deux actions se sont révélées salvatrices :
- Faire reconnaitre mon trouble panique avec agoraphobie comme un handicap, auprès de la MDPH
- Transférer mon activité de formateur presque totalement en ligne en me formant au marketing digital et à la réalisation de formations à distance
Cela peut paraitre difficile de demander une reconnaissance de personne en situation de handicap. Maintenant, si on le fait on peut bénéficier via l’Agefiph : - D’une subvention (oui oui subvention) jusqu’à 6300 € à la création d’entreprise
- D’un accompagnement personnalisé
- D’une micro-trousse d’assurance gratuite les deux premières années (assurance RC Pro, juridique, mutuelle)
Ce n’est pas rien, surtout lorsqu’on considère créer une entreprise plutôt dans des domaines qui demandent peu d’investissements financiers comme le conseil, la formation, le bien-être ou encore l’art.
Maitriser le mieux possible le markéting digital
Pour nous qui pouvons passer plus de temps que la moyenne à la maison, qui avons souvent une sensibilité créative et parfois artistique, il n’est pas impensable de rapidement se retrouver à la tête d’un blog, d’un vlog, d’un podcast, ou encore d’un compte Instagram ou LinkedIn performant. Je vous vois venir, oui, même après 45 ans, c’est faisable ! Testez des outils comme CANVA et vous serez surpris de ce que vous pouvez produire.
Et pour le fameux « facteur de différenciation » qu’il convient de développer face à la concurrence ? Pas de problème, nous sommes différents, alors pour une fois, profitons-en !
Choisir un statut protecteur
Quand on travaille comme salarié ou fonctionnaire, on ne se rend pas compte que notre contrat de travail :
Nous donne droit à une couverture complète en cas de dépenses de santé (sécurité sociale + mutuelle)
Nous permet de bénéficier de notre salaire pratiquement complet quand on est malade
Nous protège de si on se retrouve dans l’incapacité totale ou partielle de travailler
Réserve un capital décès pour nos ayant droits
Nous accorde le chômage en cas de coup dur (dans des conditions de plus en plus restrictives)
Nous fait cotiser pour la retraite
Je sais que notre machine à penser a tendance à imaginer la catastrophe en permanence et mon but n’est bien entendu pas ici de la nourrir avec toute cette prévoyance. Maintenant, il convient de réfléchir calmement au statut que je choisis quand j’entreprends.
Je peux continuer à bénéficier d’un statut protecteur de salarié en choisissant le statut de salarié entrepreneur (droits au chômage compris), par exemple au sein d’une coopérative d’activité et d’emploi. Ce statut a aussi un intérêt certain lorsqu’on bénéficie d’indemnités Pôle Emploi au moment de la création. En effet, les coopératives proposent le contrat d’appui au projet entrepreneurial (CAPE) pour bénéficier de la totalité de ses allocations tout en testant son projet.
À savoir sur la micro entreprise
La micro entreprise est peu coûteuse en charge tant que le chiffre d’affaire est modeste. Elle est surtout très simple à gérer.
Néanmoins, ce qu’on ne sait pas toujours :
Le micro entrepreneur est couvert comme le salarié en cas de frais de santé, hôpital, etc. même si la mutuelle est en général un peu plus chère
Pas de droits au chômage générés (hormis une éventuelle allocation de 800€ par mois pendant 6 mois dans certaines conditions).
Les cotisations retraite sont proportionnelles au chiffre d’affaires réalisé, donc intéressantes dès que le CA décolle
Le problème se situe plutôt au niveau de la « prévoyance », la protection au niveau du décès, de la perte de capacités partielle ou totale, et surtout du maintien d’un revenu en cas de maladie « longue ». Il conviendra ici de prendre une assurance prévoyance auprès d’une mutuelle ou d’une compagnie d’assurance.
Enfin, on a tendance à se faire conseiller la société (SARL, EURL, SAS ou SASU) dès le départ, notamment par les professionnels de la comptabilité. Ces statuts sont très coûteux à la création, durant la vie de l’entreprise, et à la liquidation. À mon sens, ces statuts sont peu adaptés à nous, qui avons plus tendance à créer notre emploi, et pas une start-up.
Savoir s’entourer
Vous savez à quel point la présence d’un complice, d’un co-équipier à nos côtés est important pour les personnes souffrant d’agoraphobie, notamment dans chacune de nos aventures. Il existe bon nombre de professionnels, consultants, comptables, et même clients ouverts et bienveillants, qui pourront nous apporter beaucoup dans l’aventure entrepreneuriale. À l’inverse, fuyez les gens que vous ne sentez pas. Cela ne me dérange pas de donner ma confiance, et parfois de me soumettre, mais à un Mufasa, jamais à un Scar !
Je suis Philippe, auteur du blog Vit’Essentiel, dédié à l’entrepreneuriat dans le domaine du conseil et de la formation professionnelle, et j’accompagne les futurs professionnels du secteur dans leur réussite, en sécurité.
Philippe nous a proposé cet article pour aider les paniqueurs sur un sujet qu’il maitrise. Si vous aussi vous souhaitez rédiger quelque chose, n’hésitez pas à nous contacter !
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